Catapultés en France après 25 ans d’expatriation, nous n’avions pas anticipé notre « retour » imposé par le Covid.
Il aura fallu 2 ans à notre petite famille pour se sentir enfin posée.
2 années pour digérer le fameux choc culturel « inversé » – inattendu, sous estimé et brutal et les sentiments de dévalorisation, de tristesse, de frustration propres aux écarts entre mes attentes et la violence de la réalité.

Le retour d’expatriation, un chaos émotionnel inattendu
Entre passer un mois d’été en vacances famille en France et y vivre, il y a une galaxie.
Je n’avais pas réalisé qu’après tant d’années en Asie, j’étais devenue une française Canada Dry: Je ressemble à une française, je parle comme une française, mais je ne suis plus française.
Je ressens chaque argumentation comme une agression, le manque de civisme me sidère, et c’est à l’école que le choc est le plus violent. Mes enfants sont en manque totale d’inspiration, ils se sentent jugés constamment et le poids ridicule de leur cartable n’a d’égal que celui des cours anachroniques dont ils se gavent tous les soirs dans le stress des contrôles à venir.
Nous ne sommes plus chez nous en Asie, mais nous ne sommes pas encore chez nous ici.

Pour louer un appartement, vous devez disposer d’un CDI en France. Ce qui n’était pas le cas pour nous, qui avons du batailler juridiquement pendant des mois pour mettre enfin aux normes celui que nous avions trouvé sur le bon coin.
Tout prend du temps, tout est frustrant.
« Tu vas rechercher du travail maintenant que les enfants sont à l’école? »
Ah la question préférée de ma famille et de nos amis français..
Personne ne semble soupçonner la confusion qui règne dans ma tête : confusion par rapport à qui je suis, à mon identité professionnelle qui ne veux plus rien dire dans ce nouveau contexte. Parler de carrière dans le développement, de communication inter culturelle, d’enseignement de techniques de gestion du stress en écoles, ça ne rentre pas dans leurs cases.
La France est hyper formaliste, il faut un diplôme pour tout sinon vos emplois sont des hobbies. Pour intervenir en école on me demande de créer mon association, qui devra être agrée par l’Education Nationale, ou de passer mon BAFA voire d’être enseignante. Je me sens dévalorisée, isolée.
Mes copines RH veulent « me présenter du monde pour t’aider à trouver un job « . Elles me demandent d’effacer des pans entiers de mon CV qui ne « valent rien en France » , me poussent vers des directions qui ne me plaisent pas du tout. Elles ne comprennent pas la difficulté de se projeter quand on n’a plus d’ancrage et que l’on se sent étranger dans son propre pays. J’alterne les besoins de me conformer avec ceux de me différencier radicalement.

Changer sa vision du retour prend du temps
Si on m’avait dit il y a encore 3 ans que nous achèterions une maison en France j’aurai bien ri tellement l’idée m’aurait semblé absurde; à la campagne de surcroit! Et pourtant.. Après des mois de travaux, nous sommes les heureux propriétaires de notre maison de famille. Cet achat signifie que nous faisons une vraie pause en France. Ce n’est pas une fin en soi- mais une étape essentielle que nous avons choisie.
Mon histoire change. Je ne subis plus mon contexte. Je l’ai choisi avec ma famille.

Les enfants sont devenus aussi français. Ils se parlent toujours en anglais mais leur français est impeccable – surtout le second degrés qu’ils manient comme des locaux!
Les sentir plus sereins me donne enfin plus de liberté. Je reprends mon exploration du marché de l’emploi en France, mais cette fois bien accompagnée.
Les ateliers APEC, fabuleux instruments de transformation
Ayant quitté la France depuis des décennies, et ne touchant pas d’indemnité chômage, je ne pensais pas avoir le droit d’assister aux évènements de l’Association pour l’Emploi des Cadres (APEC). Je les ai appelé pour vérifier et ce premier contact téléphonique a été tellement chaleureux que je me suis immédiatement inscrite à l’atelier « faire valoir son experience senior ».
Nous étions une petite dizaine à échanger chaleureusement, sans jugement et dans un esprit tres constructif. La consultante APEC jouait merveilleusement son rôle de chef d’orchestre, mais c’est surtout son professionalisme qui m’a marqué. Les conseillers ne sont pas juste des animateurs mais des experts de l’emploi, qui savent écouter, donner des pistes vraiment pertinentes en toute connaissance de la réalité du marché en France.
Ce sentiment de reassurance fait du bien. J’ai notamment testé les ateliers « changer de voie: motivation et leviers de reconversion », « oser explorer d’autres formes d’emploi », participé à des rencontres sur les métiers à impact et à chaque fois ce sentiment d’être dans mon élément, d’échanger de façon constructive. d’élargir mes horizons et de nourrir concrètement ma reflexion.

La semaine passée clôturait le passionnant atelier sur la reconversion mené par la très inspirante Sandrine J. Nous étions 6 bénéficiaires avec des projets d’évolution professionnelle très différents. Pendant 5 jours, nous nous sommes coachés mutuellement, nous avons réfléchi ensemble, challengé nos idées et nos perceptions dans une bonne humeur et une solidarité vraiment uniques.
Ce que j’en ressors?
L’importance ne pas faire cavalier seul, de bien savoir s’entourer:
Les échanges avec d’autres porteurs de projet ont relativisé mes craintes et mes doutes et inspiré des reflexions que je n’aurai jamais imaginé seule.

Les discussions avec ma consultante APEC m’aident à choisir de façon éclairée des directions professionnelles qui correspondent à mes atouts et mes valeurs. Tout se construit, s’articule enfin et je réalise à quel point mes années d’expatriation ont reformulé ma vision du monde pour la rendre plus inclusive, ouverte, réfléchie et consciente.
Estime de soi renforcée, compétences clarifiées, ambition définie, réseautage en cours. Je lis les annonces avec plus de professionalisme et animée par une vraie envie de découverte et d’échanges.
L’APEC y est pour beaucoup et j’y retourne à la fin du mois pour apprendre à renforcer stratégiquement ma présence sur LinkedIn et peaufiner mes candidatures.
Je redeviens actrice de ma vie, ravie d’écrire ce nouveau chapitre professionnel en France !

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