« Et ce retour, ça se passe comment? »

20 ans en Asie, 3 en Afrique, et des poussières aux Etats Unis, peut encore parler de “retour” quand on a passé la moitié de sa vie “dehors”?

Où est “la maison” pour une famille qui s’est créée en Inde avant de grandir au Sri Lanka, en Thaïlande, aux Philippines, au Vietnam, et pour laquelle “France” ne signifiait que “grandes vacances et cousinades”?

Un départ précipité par le Covid

Nous vivions au Vietnam depuis des années et nous préparions à notre prochaine affectation à Budapest !

Mais le Covid en a décidé autrement en annulant nos projets, nous forçant à redéfinir notre plan de route.

Pour sauvegarder nos poumons de l’extrême pollution hanoienne, éviter une autre année scolaire devant les écrans et dans l’espoir d’être enfin vaccinés, nous avons decidé de quitter le Vietnam.

Les options ?

Apres près de 2 ans en mode confinés, nos critères étaient « nature, famille et section anglophone ».  

Sans travail et dans le contexte Covid, se poser en France était une évidence absolue. Le système de santé y est exceptionnel, parole d’expat !

Nos enfants sont de purs produits de l’école britannique, un passage en scolarité française serait forcement une expérience unique. Quant à moi, je pourrai enfin prétendre à un emploi fixe ou créer ma petite entreprise.

Les grands parents se font une joie d’enfin avoir le temps de profiter de leurs petits enfants, la liste des apéros s’allonge .. Alea jacta es, France It Is !

Nous allons appliquer notre moto “bloom where you are planted” (éclos ou tu es planté) à Fontainebleau, prés de la famille et en bordure de forêt.

La lune de Miel de l’été

Arrivée en juillet,

Ebahis par les facilites de vaccinations, une logistique inimaginable au Vietnam!

Hanoi est de nouveau en confinement total, nos amis sont soumis à des tickets de rationnement. Et nous sommes à Fontainebleau, sans masque sous un ciel bleu qui nous avait tant manqué depuis des années. On peut tout explorer en vélo, et les enfants font leur rentrée en section anglophone.

Marcel décroche un contrat de 6 mois pour le gouvernement suisse, et fera la navette entre Berne et Fontainebleau.

On est en mode vacances. Le contraste est tellement saisissant entre l’angoisse du quotidien à Hanoi et les promesses de la France qu’on se sent pousser des ailes. On signe pour le premier appartement qu’on trouve, à 5mn de l’école.

Le choc culturel dès la rentrée

Les punitions qui tombent des la première semaine pour un oubli de carnet de liaison, des cartables bien trop lourds, des tests toutes les semaines. Le stylo rouge de la prof de maths qui hurle « On est en France, pas de virgule entre les nombres ! » et retire 4 points au lieu d’expliquer avant de sanctionner. L’atterrissage est brutal.

Ici on n’appelle pas le professeur par son prénom et le « vous » accentue encore le fossé entre nous. Les enseignants français ne sont joignables que par le carnet de liaison, le système est tellement hiérarchise qu’on se sent hors jeu.

J’ai l’avantage de la langue sur les autres parents de la section anglophone, et des réminiscences de ma scolarité au siècle dernier. Mais le choc reste violent : l’Angleterre met l’accent sur plusieurs points tels que l’individualisation et le développement personnel.

Lors des évaluations, la créativité ainsi que le processus sont plus valorisés que le produit final et favorise l’essai et l’encouragement face à la sanction et la critique.

Je ne rentre pas en France. Je découvre la France.

Et maintenant tu vas faire quoi ? Tu vas bosser quand ?

J’ai commence l’aventure expatriée en travaillant pour le CICR. C’est l’humanitaire qui a choisi nos pays d’accueil. Nos 2 enfants ont moins de 2 ans d écart et après la naissance de Léandre, c’est mon mari qui a décroche le job le plus « family friendly ». J’ai alors troqué mon emblême de La Croix Rouge contre celui d’ « expat suiveur » (aka chef logistique. Directeur de la comm, Coach…)

J ai vécu l’expatriation comme autant d’opportunités de découvertes et de réinventions ! De directrice de la communication, je me suis transformée professeure de yoga et j’ai adoré enseigné en école internationale, en studio et dans le monde de l’entreprise. J’ai crée des programmes de gestion du stress, développé mes connaissances en médecine traditionnelle chinoise, me suis découverte une passion pour les connections entre le mouvement et le cerveau . En mode expatriation, le networking est une seconde nature. On est dans le pays pour quelques années, personne ne nous connait alors on ose plus facilement un autre metier, on se dépasse en pensant toujours “pourquoi pas?”

Je connais par cœur les phases de l’expatriation : la lune de miel, le clash culturel, la petite baisse de régime et la reorganistion vitale qui va nous permettre de finalement éclore où on est planté. Je suis un veteran dans ce domaine et j’adore guider les nouveaux venus sur ces sentiers que je connais si bien.

mudras | Bien dans sa tête, Bien dans son travail !I Morbihan Bretagne  France Skype

Je sais donc à quoi m’en tenir.

Ressortir la boussole

Ce n est pas un retour, c est une nouvelle expatriation. Elle laisse un petit gout amer, parce qu’on réalise que la madeleine n’est pas si douce en fait.

Chaque phase est importante. On doit se laisser le temps de l’accepter et de la considérer sans dénigrer ses effets.

Oui le clash est violent, à l école, dans les différends avec la propriétaire de l’appartement, les gréves surprises, les tons qui montent tellement plus vite qu’en Asie. Je sais que cette baisse de régime est normale, et qu’on va s’adapter. 25 ans d’expatriation on fait de nous des experts es resilience, dans tellement de contextes differents. Nous sommes de vrais specialistes en “Change management and team building” !

Alors comme a chaque fois que j’entame un nouveau chapitre dans un nouveau pays, je m’organise : je m’entoure d’autres expats/impats pour relativiser un peu (“non Jeff, t es pas tout seul?”),  je prends le temps de réaliser tout le chemin parcouru (depuis juste 2 mois!) , je note toutes les raisons qui rendent cette expatriation tellement unique pour nous (la nature, la liberté, la culture, la famille..). Et je commence á réfléchir à la manière de créer une valeur ajoutée.

Prochaine étape : Mettre à profit mon expertise en gestion du changement dans structure.. forcement internationale !

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